Alors que le soir tombe, sur les terres étranges des mondes perdus que foulent parfois les héros et plus souvent leurs victimes... Qui n'a jamais eu l'impression, en arpentant les salles vides et endormies du manoir, qu'une présence y demeurait les nuits sans lune... rien de plus qu'une impression, une forme entrevue du coin de l'oeil qui ne souffre la moindre lumière, le moindre regard...
Et pourtant...
Qui ne s'est jamais arrêté pour écouter la douce complainte du vent jouant dans les rideaux de soie, la peau parcourue de frissons qui rapellent les douces caresses de la mère qu'aucun d'entre nous n'aurait jamais dû quitter.
Qui n'a jamais ressenti cette profonde tristesse d'avoir parfois le sentiment d'arpenter les routes de ce monde et du suivant pour des causes perdues, pour des entreprises folles, pour des objectifs qui nous dépassent tous.
Et pourtant, jamais personne ne voit, jamais personne n'entend l'esprit de l'Ombre en Peine... bien que tous connaissent sa comptine, semblant à chacun sortir du fond de son passé et de sa plus tendre enfance, chacun la connaisant dans sa langue natale, chantée par sa mère:
"Dors dors, petit enfant
Bien trop vite tu seras grand
Reste donc à mes côtés
Doucement, je vais te bercer
Pour que toute l'éternité
Nous restions enlassés
Dors dors, petit enfant
Bien trop vite, tu seras grand
Reste près de mes baisers
Car ton départ pourrait me tuer
De mon chagrin, aie pitié
Dors, dors... mon doux bébé..."